Un nombre grandissant d’individus se retrouvent dans une impasse professionnelle : licenciement, plafonnement de carrière, arrêt de travail, transition, épuisement professionnel, etc. Traduisant une « situation qui n’offre pas d’issue favorable et qui ne mène à rien » (Académie française, 1992), l’impasse prend souvent la forme d’une perturbation, d’une épreuve, voire d’une crise, dont la signification peut échapper à celui ou celle qui la vit. Sur le plan comportemental, les individus qui se retrouvent au cœur d’une impasse professionnelle adoptent parfois des attitudes de retrait et de désengagement, que ce soit à l’égard de leur emploi, de leur employeur, de leurs collègues, ou à l’égard de leur entourage personnel. Sur le plan expérientiel, l’impasse s’accompagne, entre autres, d’un sentiment de perte d’équilibre, de perte de contrôle et de désespoir. Les individus rapportent souvent se sentir piégés, confus, dépassés, ne sachant plus quelle direction professionnelle emprunter.
Grâce à l’appui financier du CRSH, le GRIPA a développé une série d’ateliers destinés à accompagner les individus qui se trouvent dans une impasse afin de les aider à retrouver un nouvel élan professionnel. Sur le plan philosophique, ces ateliers s’inspirent du constructionnisme social (Dumora & Boy, 2008a, 2008b) alors que sur le plan théorique, ils sont élaborés à partir d’approches issues de la psychologie clinique (p.ex., l’approche d’acceptation et d’engagement, Hayes, Strosahl, & Wilson, 2012) et du counseling de carrière (p.ex., l’approche sociodynamique, Peavy, 1992).
Baptisés « Oreka » (www.oreka.uqam.ca), qui signifie « équilibre » en basque, les sept ateliers OREKA sont d’une durée de deux heures trente chacun. Ils sont offerts à des groupes d’environ 12 à 15 participant·e·s et ils contiennent des exercices expérientiels, de courtes capsules psychoéducatives de même que des échanges sous forme de dialogue. Ce dernier joue un rôle important durant les ateliers. Les participant·e·s ont invité·e·ss à déposer au centre du cercle leurs questionnements, réactions, appréhensions, points de vue, témoignages, sans désir d’arriver à un résultat, une réponse, une vérité ou une solution. Ils exposent dans un climat sécurisant une pluralité de points de vue et développent graduellement leur capacité à suspendre leurs a priori et à contenir l’incertitude, les nuances, les paradoxes, les divergences. Ils en viennent également à percevoir autrement leur impasse, à prendre conscience de leurs stratégies d’évitement, du fait que leur détresse est normale, légitime et universelle et à identifier les actions dans lesquelles ils peuvent s’engager afin de faire vivre leurs valeurs professionnelles et personnelles.
Ceux et celles qui prennent part aux ateliers sont notamment invités à:
- Prendre le temps d’explorer la situation dans laquelle ils se trouvent, plus particulièrement les pensées, les émotions et les sensations inconfortables qui y sont associées;
- S’interroger sur les facteurs contextuels qui influencent leur situation, et comment ils sont en mesure d’influencer à leur tour celle-ci;
- Porter attention aux stratégies qu’ils utilisent pour composer avec leur inconfort, leur détresse, voire leur souffrance, et explorer le coût et l’impact de ces stratégies;
- Clarifier ce qui est important pour eux. Réfléchir à la manière dont ils souhaitent faire vivre ces valeurs qui leur tiennent à cœur.
- Transposer ces valeurs en avenues à explorer et en actions concrètes à mettre de l’avant.
- S’engager sur une voie marquée par la cohérence, la continuité, le sens, la vitalité et l’espoir. Une voie qui ne vise pas uniquement leur épanouissement personnel ou professionnel, mais qui contribue aussi au mieux-être collectif.
Les ateliers Oreka ont fait l’objet d’un essai randomisé contrôlé en 2019 et une deuxième étude du même type est présentement en cours. Les résultats dont nous disposons à ce jour montrent qu’en comparaison aux participant·e·s du groupe contrôle, ceux et celles qui ont pris part aux ateliers font preuve de plus de souplesse psychologique et de bien-être psychologique au terme de l’intervention, et de moins de rigidité psychologique. En outre, ces changements se maintiennent jusqu’à trois mois après la fin de l’intervention.
Partenaires: Club de recherche d’emploi de Montréal centre-ville (CREMCV), Centre social d’aide aux immigrants (CSAI), Centre québécois de ressources et transitions pour danseurs, Travail sans frontières, Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH)
Pour en savoir plus: www.oreka.uqam.ca